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BUSH ET L'IRAK : LE POINT DE VUE DE L'AUTEUR

George W. Bush n'est pas, à mon avis, le prédateur conquérant universel dominateur et impérialiste que les bien-pensants veulent nous imposer. Il est plutôt mû par un fanatisme religieux qui l'amène à considérer sans bienveillance les religieux aussi fanatiques que lui et à voir dans leurs propos et leurs actes les germes -ou la consécration- de menaces pour la religion qu'il défend, à savoir la religion du Christ, de la libre entreprise et du capitalisme sans freins.

GWB n'est sans doute pas très intelligent, ses connaissances historiques, philosophiques et religieuses réduites et ses vues d'homme politique limitées par deux préoccupations :
-1. obtenir une réelection en 2004 en vue de pouvoir continuer à "faire le bien et combattre le mal"
-2. éviter au "monde libre" de se trouver à nouveau sous l'emprise d'actes de terrorisme aux conséquences catastrophiques pour l'Amérique et son image et pour le peuple américain.

Inspiré par les idées rooseveltiennes de lutte contre le Mal et se dotant sans scrupules de paternité de l'armure anti-tyran qui a permis à FDR d'abattre Hitler, GWB s'est hissé à la tête d'une Grande Croisade dont l'homme à abattre, faute d'être Bin Laden (autre religieux aussi fanatique que lui qui avait échappé à sa vengeance guerrière), devait être un musulman et un fauteur de troubles.
Il n'y avait qu'un homme pour répondre à ce sommaire portrait-robot et cet homme-là s'appellait Saddam Hussein.

Ainsi auto-propulsé dans un tel attirail, GWB ne pouvait que se montrer :
-1. ultra-réceptif à toutes les informations vraies ou fausses le confortant dans cette attitude
-2. ultra-réticent à accepter toute réaction peu favorable ou hostile à ses projets de Croisade
-3. ultra-sensible aux pressions des "Faucons" de la Maison Blanche qui se rangent en deux clans :

  • celui des cyniques assoiffés de pouvoir, de richesses et d'or noir qui voient dans la mainmise sur le Proche Orient irakien l'assurance d'approvisionnement sûr et bon marché en pétrole pour de longues années
  • celui des pro-israéliens menés par le numéro deux du ministère de la Défense, le juif Paul Wolfowitz, qui pense immanquablement à la sécurité de ses corréligionnaires israéliens et va jusqu'à réclamer que la France soit marginalisée le plus possible au sein de l'Otan. Or, tout le monde sait que, depuis De Gaulle, la France a brouillé les cartes du jeu du Pentagone et de la Maison Blanche en adoptant une politique pro-arabe dont j'ai récemment encore recueilli personnellement les fruits.

Un mot d'explication à ce sujet ne sera pas inutile

En juillet 2003, ma voiture étant tombée en panne sur l'autoroute inter-états I10 entre Houston (Tx.) et Beaumont (Tx.), j'ai fait appel aux services d'un dépanneur. Ce dernier qui avait un fort accent étranger a bien entendu remarqué le mien et m'a demandé si j'étais Grec. Bien que marseillais d'origine, je suis grand et blond et j'ai dû lui répondre que j'étais Français puis je lui ai demandé de quel pays il venait lui-même. Personnellement, je le croyais d'origine arménienne.

Pas du tout, le brave homme m'a répondu qu'il était "Palestinien". Je lui ai demandé alors de quelle ville de Palestine et il m'a répondu (sic) : "JERUSALEM". Voilà pour les imbéciles américains (ou d'autres nationalités) qui s'imaginent pouvoir régler le problème palestino-israélien à coups de bombes sur l'Irak.

Enfin quand est venu le moment de payer, il a bien sûr accepté mon argent mais sans omettre de remercier "les Français et le Général De Gaulle pour tout ce qu'ils ont fait pour la cause arabe."

Dans ces cas-là, on se sent non seulement heureux d'être Français mais en plus un peu fier de l'être.

Fin de la parenthèse

Au début du conflit iraquo-américain, je dois avouer sans gêne que j'étais favorable à l'intervention car j'y voyais l'occasion de débarrasser le Proche Orient et le peuple irakien d'un redoutable tyran responsable de crimes, dévastations et atrocités de dimension et nature hitlériennes. Avec les jours, mon point de vue a changé et aujourd'hui je condamne cette politique, tout en restant convaincu que le peuple irakien -comme on dit en anglais- "is better off without Saddam than with him."

Par contre, je suis tout aussi convaincu que l'occupation de l'Irak n'a fait qu'aliéner un peu plus les sympathies arabes déjà bien chancelantes sans régler la question judéo-palestinienne. En réalité, l'Amérique n'aura réussi qu'à s'isoler un peu plus dans le monde, à se mettre à dos des alliés traités de "traitres" sans pour autant s'attacher la reconnaissance du peuple irakien libéré d'un Mal absolu.

Le fanatisme religieux, dès qu'il prend une dimension politique -et par nature même il est appelé à prendre une telle dimension- ne peut produire que des catastrophes. GWB en a fait nolens volens une éclatante démonstration.

Bush aurait dû écouter les voix de ceux qui connaissent le monde arabe, Chirac, Schroeder, Poutine, et prêter moins d'attention aux Juifs de son entourage ou aux marchands de canons qui pensent qu'une Pax Americana au Proche Orient peut reposer sur l'envoi de quelques "laser bombs" sur des irréductibles fanatisés ou des Satrapes corrompus.

Les peuples n'acceptent jamais les invasions : leur nature se rebelle et c'est une erreur de croire que l'Occident chrétien a la moindre chance d'imposer ses vues à un Orient qui ne l'est pas. Toute notre Histoire depuis l'époque sumérienne révèle que l'Orient est une terre de conquêtes et d'invasions sur laquelle l'Occident paien ou chrétien s'est toujours cassé les dents. Seul l'Islam a pu s'imposer là où les Romains avaient échoué. L'Islam est présent en Orient depuis le VIIème siècle et c'est une faute d'orgueil monstrueux de la part de GWB de penser que ses vues occidentales et chrétiennes vont pouvoir régler les problèmes d'un monde qui refuse depuis près de 2000 ans de devenir occidental.

Tout ce que ces hommes veulent de l'Occident, c'est l'éducation qui donne un bon job et la santé qui vous met à l'abri de la maladie. L'Occident peut garder ses bombes. Surtout si elles sont "smart".

GWB manipulé par ses conseillers et auto-intoxiqué par sa propre foi n'est pas l'homme de la situation. Il n'est qu'un pantin. Le paradoxe de cette tragédie est qu'il se manipule assez bien lui-même, preuve d'une intelligence limitée.

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